
Lors des dernières semaines, nous avons profité de la situation de confinement pour rencontrer et discuter avec de nombreux marchands PrestaShop un peu partout en France, à travers l’objectif de leur webcam. Chaque semaine, un marchand partagera son expérience de l’e-commerce avec vous. Cette semaine dans la Minute Marchand, Yves Mazé et Guillaume Pelletier, confondateurs de la boutique Beasty Bike.
BeatsyBike.com : de quoi s’agit-il ?
Yves : BeatsyBike est spécialisé dans l’univers du vélo urbain. Nous proposons un large éventail de vélos mécaniques et électriques ainsi que les pièces détachées nécessaires à l'entretien et à la customisation. Nous vendons également tous les accessoires liés à la pratique du vélo, casque, antivol, sacoches de vélos et de voyage, sacs à dos et des goodies.
 Comment êtes-vous devenus entrepreneurs ?
Yves : dès mon en école d'ingénieurs, j'ai participé à des concours de création d'entreprise. J’ai démarré assez tôt dans mon cursus et ça s'est concrétisé il y a environ 8 ans.
Guillaume : j’ai créé mon premier site en tant qu’autoentreneur en 2012 avant de rejoindre BeastyBike.
Quelle est l'histoire de BeastyBike ?
Yves : À l’époque, j'étais consultant chez Bouygues Telecom à Paris. Je travaillais sur des projets avec William Karar, le troisième associé de la société. J'étais passionné par tout ce qui était lié au vélo, le Tour de France, etc. William de son côté était un expert de la mécanique de vélo. C'était un des précurseurs parisiens du Fixie / Singlespeed.Â
Nous avons eu l'idée de nous associer pour créer BeastyBike. Mais il nous manquait les compétences techniques pour développer un site internet de qualité. J’ai donc fait appel à mon ami d'enfance, Guillaume Pelletier. Nous lui avons proposé de rejoindre le projet et il a accepté. C'est vraiment lui l'architecte du site de BeastyBike, son design, son ergonomie…Â
L’offre de BeastyBike a-t-elle évoluée ?Â
Yves : oui. Nous avons ouvert des magasins physiques en complément du site marchand. Et nous développons une large gamme de vélos pour enfants avec le même objectif que pour les adultes : offrir de beaux vélos, pratiques et dans des rapports qualité-prix concurrentiels.
Comment avez-vous développé votre boutique ?
Guillaume : Tout est fait en interne. C'est moi qui développe le site ce qui me permet de parfaitement connaitre la plateforme. Je travaille sur des sites sous PrestaShop depuis ses premières versions, donc je suis très à l’aise avec l’outil. J'ai également utilisé d'autres solutions comme Magento, mais pour BeastyBike j’ai préféré PrestaShop notamment pour les fonctionnalités proposées.
Quel est le module indispensable, selon vous ?
Guillaume : Store Commandeur, c'est vraiment le module que tout le monde utilise dans l'équipe. C’est vraiment un outil qui permet de gagner beaucoup de temps.
Quelles sont les particularités de votre secteur ?
Yves : Le marché du vélo est en plein boom. Les difficultés ne sont pas liées au recrutement de nouveaux clients, mais dans le choix des produits. L’offre est très vaste, chaque fournisseur possède une large gamme. Il ne faut pas se tromper, en particulier pour le vélo électrique, car derrière il y a un véritable enjeu en matière de SAV ; cela peut devenir un gouffre financier.Â
Pour nous, il s’agit de bien sélectionner nos produits pour ensuite bien accompagner le client et le guider vers le bon choix.Â
Quelle est votre plus belle réussite ?
Yves : Quand on crée un site internet, le premier grand succès c'est la première vente ! Elle annonce le début d’une série. Elle prouve que nous sommes capables de proposer quelque chose qui plaît, que la solution technique et le process fonctionnent, de l’encaissement à la livraison. Je n’oublierai jamais ce moment. Aujourd'hui on est quasiment à 100 000 ventes sur internet.
Avez-vous connu des échecs-formateurs ?
Yves : Oui, j’en citerai deux !
Le premier concernait le choix de partenaires commerciaux. Maintenant, je fais plus attention. J’essaie de mieux anticiper et de privilégier une relation gagnant-gagnant.Â
Le deuxième, c’est l’événement Black Friday en 2018. En théorie, tout était prêt, mais au moment du lancement tout a planté. Nous n’avons rien pu vendre pendant les 6 premières heures. Nous avons passé une nuit blanche pour rétablir le service qui a redémarré à 4 heures du matin les services, des promotions, etc.
Guillaume : Le démarrage a été un échec, mais finalement l’opération a été bonne. On s’est rattrapé les heures suivantes !
Yves : Oui et dorénavant nous faisons très attention.
Quelles sont pour vous les trois qualités du e-commerçant ?Â
Yves : La principale pour moi c'est la créativité. Il y a tellement d'offres sur internet qu’il faut savoir se différencier, en matière de design du site et de l'offre qu'on propose. Il faut être capable d’avoir des idées nouvelles.Â
Ensuite, je pense à des qualités plus traditionnelles comme la rigueur et la polyvalence. Il faut savoir s'adapter à n'importe quelle situation. La polyvalence est essentielle pour réussir en tant que e-commerçant, il faut pouvoir faire aussi bien de la comptabilité que du design ou de la vente. Des métiers que l’on ne connait pas forcément en débutant, mais qu’on apprend et qu'on améliore au fil de l'aventure.
Quel a été l’impact de la crise du COVID-19 sur votre activité ?
Guillaume : Le plus gros impact a concerné nos magasins physiques. Près de 80 % des employés ont été en chômage partiel. Le site lui a bien marché. Les ventes ont même été en progression par rapport à l'année dernière. Nous avons maintenu l’activité en respectant les gestes barrière. Nous avons une seule personne qui gère les expéditions à l’entrepôt et une autre le service client de chez lui.
Yves : Cela a surtout entrainé des difficultés logistiques. Avec une seule personne, le délai de préparation des commandes était plus long et les relèves de La Poste moins fréquentes. De ce fait, les livraisons ont été plus étalées que d'habitude.Â
Guillaume : Il a fallu s'adapter, trouver de nouveaux transporteurs, car nos partenaires ne livraient plus, notamment pour les gros colis. Certains de nos fournisseurs ont également fermé. Nous avons donc eu des soucis pour le réapprovisionnement.Â
Yves : Les clients ont été compréhensifs. Nous avons bien communiqué et nous avons réussi à satisfaire 95% des commandes.
Avez-vous constaté un transfert de la clientèle physique vers votre boutique en ligne ?
Yves : C'est évident qu’une partie des clients qui étaient habitués à se rendre en magasin passent aujourd’hui par le site. Ce transfert existe, c’est certain, comme le confirme l’étude réalisée par PrestaShop.
Il faut aussi préciser que nous avons la chance d’être dans un secteur porteur et encore plus en période de pandémie : les gens ne veulent plus se déplacer en métro et être agglutinés dans les transports en en commun… En vélo, on est assez indépendant !
Quelle est votre vision de BeastyBike dans 5 ans ?
Guillaume : C'est difficile à dire. On imagine avoir fait grossir la société, avoir les moyens d'investir dans les ressources comme le marketing, la communication… et pourquoi pas l'ouverture d'autres boutiques physiques.
Yves : Nous aurons peut-être aussi développé notre propre marque de vélos. Nous avons également à relever un défi logistique. Jusqu’ici, nous n’avons jamais réalisé de levée de fonds. Nous avons démarré avec nos propres moyens en réinvestissant chaque bénéfice pour l'évolution de la structure. BeastyBike grandit progressivement et c’est une très bonne chose. Enfin, nous devons progresser en marketing. Jusqu’ici nous avons tout géré en interne, mais il faudra à moyen ou long terme nous faire accompagner par des entreprises spécialisées.Â
Une anecdote marquante à partager ?
Yves : J'ai une belle anecdote, assez drôle. Un jour, un client est entré dans la boutique pour avec un énorme tambour dans le magasin. Il cherchait des protections de roues de vélo pour son instrument. Déjà la demande était surprenante. Pendant qu’un vendeur était parti en réserver, j’ai interrogé le client sur l’utilité du tambour. Il m’a répondu que c'était un tambour de chamanes et il a proposé de me chamaniser. Je n’ai pas osé refuser… Il a commencé à tourner autour de moi en tapant sur son tambour devant les autres clients de la boutique.Â
C’était vraiment une situation incongrue. Je ne savais pas comment réagir en fait. Ça m’a semblé terriblement long… mais je ne regrette pas du tout cette expérience, elle fait partie de l’histoire de BeastyBike maintenant !